Sophrologie et maladie de Ménière – Interview de Geneviève Secundino
Quand une sensation de vertige, de déséquilibre, nous gagne alors que nous sommes debout, quel que soit le lieu, nous cherchons spontanément un repère, un point d’appui qui puisse nous stabiliser et nous permettre de reprendre le cours des choses que nous étions en train de faire. Si peu que vienne cette sensation de « mal de mer », jusqu’à en avoir la nausée, dans un lieu sans possibilité d’un point d’appui proche, la peur d’une chute est immédiate. Sans compter ces sons internes particuliers, comme des grésillements, bourdonnements ou cliquetis, les acouphènes, qui perdurent et accentuent la sensation de mal-être et de déséquilibre. Geneviève a connu ces situations, à répétition, avec une manifestation de plus en plus intense des symptômes pendant plus d’une année sans que l’origine n’en soit connue. C’est en 2015 qu’elle consulte un médecin spécialisé en ORL qui, suite aux examens du système auditif pose le diagnostic : Geneviève souffre de la maladie de Ménière[1].
– Elle suit le programme de rééducation prescrit, qui ne donnera aucun résultat, et trouvera dès lors dans la sophrologie une solution qui la conduira bien au-delà des premiers objectifs.
« Je dois dire que j’ai eu de la chance d’être suivie par ce médecin ORL qui, suite à cette rééducation sans résultat, m’a orientée vers la pratique de la sophrologie. Jusqu’alors je n’en avais pas entendu parler mais me suis sentie prête, suite aux explications qu’il m’a donnée, à essayer cette méthode. Il m’avait conseillé également la pratique d’un sport, j’avoue que n’étant pas d’une nature sportive j’étais rassurée par cette alternative proposée. Il connaissait les bénéfices de la sophrologie mais n’avait pas de personne référente dans ce domaine. J’ai ainsi cherché par moi-même et le premier contact avec une sophrologue n’a pas été convaincant : j’avais besoin de me sentir en confiance et ce n’était pas le cas. Loin de moi l’idée d’abandonner ! Au contraire ! J’ai eu alors les coordonnées d’une infirmière spécialisée en Sophrologie Caycédienne dont on me dit beaucoup de bien : Françoise Burgos. J’ai su dès les premiers instants que j’étais en de bonnes mains. Françoise est infirmière en ORL, spécialisée en Sophrologie Caycédienne. La confiance a été là de suite, l’humanité de Françoise, sa façon d’être, sa bienveillance ont énormément contribué à cette découverte de la pratique de la sophrologie et à la transformation qu’elle m’a apportée, bien au-delà de la Maladie de Ménière. J’avais besoin d’un accompagnement individuel adapté que j’ai suivi pendant un an et demi, à raison d’une séance tous les quinze jours. Dès le début la confiance en moi n’a fait que croître. Mon équilibre s’est régulé progressivement et naturellement grâce à la présence renforcée de mon corps, à la respiration dont j’étais devenue consciente et qui était devenue une alliée. J’ai appris que je détenais en moi des moyens d’agir dès que des débuts de symptômes apparaissaient. Je me sentais de mieux en mieux aussi avec l’ouverture du plexus : un sentiment de liberté que je sentais là dans mon corps et qui me donnait envie de continuer. Chaque rendez-vous avec Françoise a été source de joie, car j’ai pu m’ouvrir, grâce à ses compétences, et développer une meilleure connaissance de moi-même, de mon corps, de mes mécanismes internes, ceux aussi de mon esprit et de mes pensées. J’ai poursuivi avec elle la pratique de la sophrologie en groupe, ce qui m’a apporté beaucoup. J’étais retraitée depuis peu et les contacts avec d’autres étaient d’autant plus précieux pour moi. Au fur et à mesure de la pratique j’ai vécu une évolution qui a dépassé ce que je venais chercher au tout début, je me suis rapprochée de mon être et de mes valeurs essentielles. »
– Et aujourd’hui ? Quelle est la place de la sophrologie dans votre vie ?
« Dès les premiers instants de malaise, je peux agir et je ne ressens plus aucune anxiété car je sais maintenant ce que je dois faire, et où que je sois, je le fais. Avant je redoutais les vertiges, les acouphènes et cette anxiété me nouait la gorge, accélérait mon rythme cardiaque et ma respiration. Je me pose, je prends conscience de chaque partie de mon corps, chacun de mes systèmes, je m’occupe de mon corps et de mon esprit. La concentration sur l’objet neutre, objet de la nature, me permet de me raccrocher à l’instant t.
Cette possibilité d’action est devenue une capacité réelle qui fait partie de moi, une capacité avec laquelle je vis. Même si je suis d’une nature positive, la sophrologie a peaufiné et renforcé d’autres capacités : méditer, contempler font partie de ma vie. Ma relation avec la nature est plus importante qu’auparavant, ma relation avec mon passé et avec mon futur est harmonieuse et résiliente. Je vis avec ma propre histoire dans laquelle s’inscrivent mes valeurs profondes. Je consacre du temps à aider les autres : accompagner des personnes moins valides donne du sens à chacune de mes journées. Je souhaite que les médecins soient de plus en plus nombreux à s’intéresser à la sophrologie afin de considérer l’apport de cette méthode comme une valeur ajoutée aux traitements proposés. J’ai pu, grâce à la sophrologie éviter la prise de médicaments, ce qui est souvent la seule solution pour la maladie de Ménière quand le programme de rééducation ne fonctionne pas ».
Interview réalisée par Jeanne Cunill – 11 mars 2021
[1] La maladie de Ménière est une maladie de l’ensemble du labyrinthe membraneux de l’oreille interne qui se manifeste par des crises de vertiges, des pertes d’équilibre, des acouphènes, une perte d’audition (surtout des sons graves) et s’accompagnent parfois de nausées et de vomissements. Ces symptômes surviennent lors de crises d’intensité et de durée variables. Les pertes auditives peuvent se prolonger et aboutir à la surdité.