Article
L’AUTEUR
Susi Lizón
Psychologue humaniste intégrative et sophrologue caycédienne. Enseignante du Master à l’Académie de Sophrologie Caycédienne de Barcelone.
Prisonnier de la douleur émotionnelle
En tant que psychologue clinique et sophrologue, j’accompagne régulièrement les personnes dans leur douleur émotionnelle. Et c’est depuis mon expérience professionnelle que je transmets quelques clefs qui contribuent à diminuer l’influence de certaines émotions sur notre vie. Je commencerai, comme référence de l’essence de mon message, par citer un psychologue anglais, M. Cristopher Germen : “Nous voulons tous éviter la douleur, mais l’accepter et répondre amoureusement à nos propres imperfections, sans jugement ni autocensure, est le premier pas vers la guérison.”
Les émotions sont le reflet de l’influence que la vie a sur nous. Elles se manifestent pour que nous leur prêtions attention, que nous comprenions le message important qu’elles nous transmettent, et que nous résolvions nos problèmes et soyons conscients de nos propres besoins. Dans cette optique, je n’aborderai pas les émotions négatives mais bien les émotions afflictives ou douloureuses. Si nous ne savons pas comment les aborder, au delà de nous faire souffrir inutilement, elles peuvent contribuer au développement de conduites inappropriées, générant des problèmes relationnels avec notre entourage.
Un même fait peut ou nous construire, ou nous détruire selon notre rapport avec lui, de sorte qu’une émotion douloureuse peut être l’occasion d’apprendre et de s’épanouir ou peut, au contraire, exercer son emprise sur nous.
En général, nous pouvons nous retrouver sous l’emprise d’une émotion de deux manières : la première, lorsque nous souhaitons nous en détourner soit par la négation ou la fuite et la deuxième, quand nous nous y installons, par le biais de la réflexion, la rumination, la victimisation, l’auto-inculpation et autres attitudes, résultats de nos divagations.
Quand nous essayons d’éloigner l’émotion en l’éludant, nous croyons qu’elle va disparaître, cependant, l’émotion est ancrée en nous et peut se manifester de manière imprévisible et dangereuse en dehors de notre conscience, par la somatisation, l’anxiété ou la détérioration de nos relations personnelles comme conséquence d’un manque d’authenticité envers nous-mêmes.
Plus nous nous éloignons de l’emotion, plus nous la nions, plus nous y pensons, plus nous l’intensifions.
On nous dit souvent que nous devons être à l’écoute de toutes les émotions, tant les agréables comme les douloureuses, que nous devons les ressentir, les observer, avec un esprit ouvert et curieux, et prêter attention à leur sagesse. Cependant, nous avons peur de ne plus en sortir, nous avons peur de nous y noyer sans même nous octroyer une petite bulle intérieure par laquelle nous pourrions respirer. C’est alors que nous nous posons la question suivante : existe-t-il une capacité nous permettant de leur prêter attention et de les écouter sans qu’elles s’emparent de notre être et de tout notre espace intérieur ?